Pour son dernier Tour de France, Romain Bardet s’offre son premier maillot jaune

“Mais qu’est ce qui t’a pris ? D’aller gagner à Rimini ?” Sur la première étape du Tour de France, Romain Bardet a rendu hommage, samedi 29 juin, au héros local Marco Pantani en piratant la course. D’une banderille plantée à 52 km de l’arrivée, il s’est offert l’étape et le premier maillot jaune de sa carrière.

Une belle récompense pour un cycliste qui aura longtemps dédié sa carrière au Tour de France. Malgré deux podiums (2e en 2016, 3e en 2017), il n’avait jamais revêtu la tunique jaune. Une erreur désormais réparée et cette quatrième victoire d’étape sur le Tour est sans doute la plus belle.

“Le maillot jaune ? C’était un de mes buts de carrière, mais j’en avais fait un peu le deuil. J’étais parfois trop proche pour qu’on me laisse partir. Là, j’ai suivi mon instinct et à chaque fois que j’ai suivi mon instinct dans le vélo, ça a plutôt bien marché”, a-t-il déclaré à l’arrivée, avant de savourer la remise de la tunique tant convoitée.

Un Grand départ spectaculaire
Ce Grand départ du Tour de France 2024 en Italie aura tenu toutes ses promesses en termes de spectacle et d’émotion. Sous le soleil de plomb de l’été toscan, les coureurs ont d’abord effectué un long défilé d’une quarantaine de minutes dans les rues de la cité des Médicis avec en point d’orgue une traversée du Ponte Vecchio.

Un antipasti gouleyant avant un repas plus copieux à base de sept ascensions répertoriés et 3 600 mètres de dénivelé positif, un record pour une première étape du Tour. Un profil d’étape qui a vite fait des dégâts, notamment pour Mark Cavendish. Le sprinteur de 39 ans, en quête d’une 35e victoire sur le Tour pour battre le record d’Eddy Merckx, a très vite été lâché, dès que la pente s’élevait, et il s’est battu toute la journée avec l’aide de ses partenaires pour rester dans les délais.

Mais avec un départ à Florence et une arrivée à Rimini, le Tour de France souhaitait surtout honorer ses héros italiens. À la sortie de la cité toscane, l’étape a visité Ponte a Ema, ville natale de Gino Bartali, un champion cycliste reconnu Juste parmi les Nations pour avoir sauvé des juifs de la déportation.

Si le “Campissimo” n’a pas été oublié, les Italiens ont surtout rendu hommage sur les bords de la route à l’enfant chéri de l’Emilie-Romagne, Marco Pantani, retrouvé mort d’une overdose en 2004 à Rimini. Banderoles, photos, bandana de Pirate… “Pantani vive” (Pantani vit) toujours dans le coeur des Transalpins. Un bel hommage lui ait d’ailleurs rendu sur la côte Barbotto sous forme d’un virage Pantani.

Beaucoup de favoris déjà en difficulté
Dans l’étape, les premiers héros s’appellent Matej Mohoric, Ion Izaguirre, Frank Van den Broek, Valentin Madouas, Clément Champoussin, Sandy Dujardin et Mattéo Vercher, bientôt rejoints par Jonas Abrahamsen et Ryan Gibbons. Les neuf ont constitué la première échappée du Tour. Leur fugue s’est amoindrie à mesure des kilomètres et des côtes et elle a finalement été victime de l’offensive de Romain Bardet, portée à 50 km de l’arrivée en coordination avec son coéquipier Frank Van den Broek à partir de la côte de San Leo.

Derrière le Français bien décidé à marquer les esprits pour son dernier Tour de France, la poursuite s’organise et un mano a mano commence. Une chasse à l’homme qui bien souvent se termine mal pour les échappées et le suspens tient jusqu’à la ligne.

Romain Bardet peut remercier Frank van der Broek qui donne tout ce qu’il a pour garder quelques mètres d’avance sur le peloton. Les deux hommes s’imposent juste devant le peloton, dont le sprint a été remporté par Wout van Aert.

“On a pas eu le temps de penser à quoi que ce soit. L’effort était total. Je commençais à cramper. À 500 m, j’ai vu le peloton mais il y avait encore un peu de marge. On n’a pas cessé de s’encourager”, relate Bardet. “On s’est bien réparti les tâches tous les deux. Moi, je faisais le train dans les côtes, lui sur le plat.”

Romain Bardet espère ramener le maillot en France mardi mais reste réaliste “J’ai couru comme si c’était une classique d’une journée aujourd’hui. Pas sûr d’avoir les jambes pour résister demain dans la côte de San Luca.”

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